Voici comment Bachar al-Assad s’est échappé; un podcast de Damas avec Hussein al-she

Il a senti l’étau se resserrer quand Poutine n’a plus répondu à ses appels» : le récit des derniers jours d’Assad en Syrie par un de ses conseillers Dans une longue interview pour la chaîne Al-Arabiya filmée au lendemain du renversement du régime syrien, le chef du service d’information de la présidence, Kamel Saqr, est revenu sur le lâchage du dictateur par ses alliés russe et iranien.

Nous présentons dans cet épisode le podcast # DamascusTime de Kamel Saqr, directeur du bureau des médias de la présidence syrienne. Et nous avons discuté avec lui de son long accompagnement de Bachar el-Assad et de sa vie de transformations accélérées et du grand effondrement qui a suivi le régime, des rencontres et mouvements d’Assad dans les derniers jours avant son évasion, de son suivi des développements sur le terrain, changer le cours de la guerre et la prise des villes syriennes par les factions d’opposition, ses contacts avec le président russe Poutine et comment il ignorait ce dernier, et la dissimulation de son dernier voyage en Russie avant sa chute, illustrant l’échec de ses tentatives pour persuader ses alliés. Il a documenté avec nous les derniers moments qu’il a vus de l’intérieur du palais présidentiel de la fuite de Bachar al-Assad et des personnalités qu’il avait choisies avec lui, le sort de son frère Maher al-Assad, l’état du palais après la libération de Damas, et de nombreux événements auxquels notre invité répond dans cet épisode. Sur les plateformes # mix

Il a été l’un des derniers à quitter le palais présidentiel à Damas, la nuit du samedi au dimanche 8 décembre, sans savoir que Bachar al-Assad allait quitter définitivement la Syrie trois heures plus tard. Kamel Saqr, chef du service d’information de la présidence syrienne, a livré son récit détaillé des derniers jours du dictateur dans une interview de quatre-vingt-dix minutes diffusé par le podcast Mazij sur le site de la chaîne Al-Arabiya. La vidéo, tournée au lendemain du renversement du régime, a été vue des centaines de milliers fois sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Assis dans son ancien bureau du palais, en costume sombre et cravate bleue, Kamel Saqr, la quarantaine, parle avec la maîtrise de l’expert média qu’il a toujours été, dans un arabe littéral parfait, de ce qu’il a vécu au côté de Bachar al-Assad aux heures où le pouvoir sombrait après l’abandon de ses alliés russe et iranien.

Traduction des principaux extraits de son récit :

«Dès le début de l’offensive militaire de l’opposition vers Alep, le 26 novembre, on a senti qu’un grand bouleversement était à l’œuvre. Bachar al-Assad est parti à Moscou le lendemain pour demander l’aide de Vladimir Poutine. Il est arrivé le 27 novembre mais il n’a pu rencontrer le président russe que quarante-huit heures plus tard. Un retard, sans doute délibéré, mais surtout, il n’a pas été écouté par Poutine, d’autant que le 28 novembre, Alep a été prise par les forces de l’opposition.

«Le Président attendait en rongeant son frein à l’hôtel Four Seasons de Moscou. Le rendez-vous avec Poutine a été fixé pour le 29 novembre à 14 heures, puis il a été reporté à 15 heures et enfin à 17 heures. Les Russes nous avaient informés qu’Assad serait reçu seul avec juste son garde du corps. L’entretien a duré une heure et le résultat n’était pas satisfaisant.

«Poutine a contacté devant Assad son chef d’état-major, lui demandant de permettre aux Gardiens de la révolution iraniens de transporter tout le matériel vers la base aérienne russe de Hmeimim [dans la région de Lattaquié, ndlr]. Bachar al-Assad nous a dit qu’il avait insisté auprès du président russe pour qu’il veille personnellement à faire parvenir le nécessaire pour stopper l’avancée de l’offensive. Mais en réalité, il n’y a pas eu de répondant. Il semble même qu’il y ait eu tromperie de Poutine et le Kremlin n’a pas autorisé l’arrivée d’aide militaire.

«Toutes les données étaient favorables à une offensive»

«Plusieurs signaux peu encourageants avaient précédé la rencontre. En général, lors d’un tel sommet, les chefs d’Etat publient un communiqué commun. J’avais demandé aux Russes comment ils voulaient procéder. On m’a dit d’envoyer le contenu syrien du communiqué. Ce que j’ai fait. Mais après, on m’a demandé de patienter. Et le lendemain de l’entretien, Assad m’informe que Poutine a préféré qu’il n’y ait pas de communiqué. Nous sommes rentrés à Damas dans l’après-midi du 30 novembre, dans un avion russe.

«Arrivé à Damas, à 20 heures, le président Bachar al-Assad convoque pour le lendemain son comité politique, formé notamment du vice-président, du ministre des Affaires étrangères, du chef d’état-major, etc., pour rendre compte de son entretien à Moscou. Il a insisté devant les responsables sur les conséquences graves de la chute d’Alep, qu’il a qualifié de “moment crucial”. Avant cela, Assad ne semblait pas inquiet et ne pensait nullement son pouvoir menacé.

«Malgré les rapports de renseignements qui étaient alarmants, le pouvoir politique syrien semblait inconscient du danger. Toutes les données étaient favorables à une offensive contre le régime. […] La situation dans le pays était très mauvaise, économiquement et militairement. La Russie était très loin de se préoccuper de son allié Assad. Les milices iraniennes s’étaient en grande partie retirées de Syrie et le Hezbollah était sonné par les coups assénés par Israël. Les Iraniens étaient en outre mécontents du rapprochement avec les pays arabes du Golfe.

«Assad avait senti l’étau se resserrer autour de lui»

«Il y a eu certaines initiatives après la libération d’Alep pour stopper l’avancée des forces de l’opposition, en particulier de la part de l’Irak et de l’Iran. Deux visites d’officiels iraniens en Syrie ont eu lieu. D’abord celle du ministre des Affaires étrangères [Abbas] Arakji, qui a rencontré Bachar al-Assad. L’entretien a été froid. Personnellement et politiquement, Arakji n’était pas partant pour le sauver. Assad a demandé aux Iraniens et aux Irakiens d’intervenir auprès de la Turquie pour stopper l’offensive, mais l’Irak avait prévenu le président syrien qu’Erdogan était fermé à toute médiation. On était le 5 décembre et Homs était sur le point de tomber. Pourquoi le ferait-il à ce stade ?

«Puis, le 6 décembre, Ali Larijani, conseiller spécial du Guide suprême iranien est venu en visite secrète. Il était accompagné de quatre personnes pour sa rencontre avec Bachar al-Assad. Mais celui-ci a voulu être seul lors de l’entretien. L’expression d’Assad après la rencontre indiquait qu’il n’était vraiment pas content. On sentait qu’une opération de renversement de Bachar al-Assad se préparait. La rapide avancée des forces de l’opposition avait pris tout le monde de court. Ni les Russes, ni les Iraniens ne pensaient pouvoir stopper l’avancée. Le sort d’Assad était scellé.

«Bachar al-Assad avait senti l’étau se resserrer autour de lui quand Poutine n’a plus répondu à ses appels après son retour de Moscou. Les conseillers russes lui disaient que le Président se trouvait dans un endroit sans réseau. Un prétexte évidemment peu crédible. C’est à ce moment qu’il a commencé à se préparer au départ. […] Deux indices me l’ont confirmé. Au lendemain de la prise de Homs, le 5 décembre, il m’a dit qu’il voulait faire une intervention télévisée et demandé de préparer le matériel et la logistique dans une pièce du palais. Puis on m’a envoyé le texte de la déclaration, d’environ 400 mots disant notamment : “La patrie va être divisée, la Turquie veut occuper Alep, la position arabe à l’égard de la Syrie n’est pas claire, s’en remettre au peuple pour protéger la patrie.” J’ai été très surpris par le texte rédigé par Assad lui-même. Je pensais qu’il serait plus réaliste, mais je n’osais jamais lui faire de remarque. Je lui ai juste dit que ses mots ne prennent pas en compte la gravité de la situation. […] L’intervention a été reportée au 6, puis au 7 décembre… et là il m’a informé qu’il n’allait plus la faire.

«Il croyait aux choses telles qu’il les voyait lui-même»

«A la veille de son départ, Bachar al-Assad m’a informé qu’il allait se rendre à une réunion sur la base Hmeimim avec son chef d’état-major, son secrétaire personnel, ainsi que ses deux fils Hafez et Karim, qui étaient revenus avec nous de la visite à Moscou. Dans les dernières heures [après minuit], l’attaché militaire de l’ambassade russe à Damas était en contact avec Assad pour organiser sa fuite. En fait, les Russes ont assuré son départ dans un avion particulier qui a décollé de l’aéroport de Damas vers la base de Hmeimim où un autre appareil l’a transporté vers Moscou.

«Tout s’est passé sans que ses plus proches soient avertis du départ. Je ne sais pas s’il a informé son frère Maher al-Assad, mais tous les autres membres de la famille non. Les circonstances ne permettaient pas d’inviter qui que ce soit à partir avec lui dans l’avion russe. Seuls le ministre de la Défense, le chef d’état-major et ses fils étaient à bord. […] Il était 2 h 15, le 8 décembre, quand le secrétaire de la présidence m’a prévenu du départ du Président sans me dire où il allait. J’étais le dernier à partir du palais avec un de mes collègues à 3 heures du matin, j’ai quitté le palais présidentiel pour rentrer chez moi. il ne restait plus personne sur place. A 6 h 38, j’ai appris qu’il s’était envolé pour Moscou.

«Le plus grand problème de Bachar al-Assad c’est qu’il croyait aux choses telles qu’il les voyait lui-même et de façon très particulière. Des fois, le vrai devenait faux et inversement. Personne ne pouvait influencer sur son avis. Il n’écoutait personne pour ses décisions politiques et économiques importantes. Il compose son propre scénario qui devient la réalité. Il s’est comporté comme toujours dans le déni de réalité et l’arrogance.»

L’ancien premier ministre syrien Mohammed al-Jalali nous a raconté les chapitres importants de son parcours avec le régime et comment Bachar el-Assad avait dirigé les institutions du pays pendant 24 ans, ainsi que le mécanisme de sélection des ministres et leurs rôles limités et marginaux, et son récit de l’arrivée au Cabinet du Premier ministre et comment la décision au sein du gouvernement syrien est passée de l’accréditation à la mise en œuvre, et comment il a été témoin de Bachar al-AssadLe personnage d’Assad après l’avoir approché et son interaction avec les événements récents qui s’accélèrent avant sa chute. Notre invité parle de son suivi des débuts de la révolution syrienne en 13 ans et comment le régime d’Assad l’a transformée en une guerre militaire sectaire et violemment confrontée et déplacée. et des détails révélant la chute du régime et comment les mouvements de Bachar el-Assad se sont déroulés dans les dernières heures avant son évasion, Les retraits successifs et l’effondrement de l’armée syrienne en raison de leurs bas salaires et des changements accélérés sur le terrain vus par le ministre de la Défense et informés par Bachar al-AssadAssad, qui redonne espoir à ses alliés et au statut des gouvernorats syriens tombés avant la chute d’Assad, et aux récentes rencontres du gouvernement et à son contact avec le ministre de l’intérieur Mohammed Rahmoun et son récit dans les rues de Damas, et d’autres dossiers importants ont été répondu par notre invité.

La trahison de Bachar El-Assad

La trahison de Bachar El-Assad Là-bas, Rami El-Obeidi, ancien responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères pour le compte du Conseil national de transition jusqu’à mi-2011, nous a révélé comment l’OTAN avait pu localiser la cachette de Kadhafi après la libération de Tripoli par les révolutionnaires entre le 20 et le 23 août 2011. “À l’époque, on pensait qu’il s’était enfui dans le désert, en direction de la frontière sud de la Libye”, explique Obeidi. Mais en réalité, il s’était réfugié dans son fief de Syrte avec son fils, Mutassim, qui dirigeait les dernières troupes encore en état de combattre. Obeidi ajoute : “Là, le raïs a essayé de communiquer, grâce à son téléphone satellite Iridium, avec certains de ses fidèles qui avaient trouvé refuge auprès de Bachar El-Assad, en Syrie. Parmi eux, il y avait notamment son disciple chargé de la propagande télévisée, Youssef Shakir. Et c’est justement le chef d’État syrien qui a transmis le numéro de téléphone satellitaire de Kadhafi aux services secrets français.” La raison ? “En échange, Assad aurait obtenu de Paris la promesse de limiter les pressions internationales sur la Syrie en vue de faire cesser la répression contre le peuple en révolte.” Localiser le téléphone satellite et son propriétaire aurait ensuite été un jeu d’enfant pour les experts de l’OTAN. Si cette thèse venait à être confirmée, nous pourrions en déduire que ce fut la première étape vers la fin tragique du dictateur, quelques semaines plus tard.
La trahison de Bachar El-Assad Là-bas, Rami El-Obeidi, ancien responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères pour le compte du Conseil national de transition jusqu’à mi-2011, nous a révélé comment l’OTAN avait pu localiser la cachette de Kadhafi après la libération de Tripoli par les révolutionnaires entre le 20 et le 23 août 2011. “À l’époque, on pensait qu’il s’était enfui dans le désert, en direction de la frontière sud de la Libye”, explique Obeidi. Mais en réalité, il s’était réfugié dans son fief de Syrte avec son fils, Mutassim, qui dirigeait les dernières troupes encore en état de combattre. Obeidi ajoute : “Là, le raïs a essayé de communiquer, grâce à son téléphone satellite Iridium, avec certains de ses fidèles qui avaient trouvé refuge auprès de Bachar El-Assad, en Syrie. Parmi eux, il y avait notamment son disciple chargé de la propagande télévisée, Youssef Shakir. Et c’est justement le chef d’État syrien qui a transmis le numéro de téléphone satellitaire de Kadhafi aux services secrets français.” La raison ? “En échange, Assad aurait obtenu de Paris la promesse de limiter les pressions internationales sur la Syrie en vue de faire cesser la répression contre le peuple en révolte.” Localiser le téléphone satellite et son propriétaire aurait ensuite été un jeu d’enfant pour les experts de l’OTAN. Si cette thèse venait à être confirmée, nous pourrions en déduire que ce fut la première étape vers la fin tragique du dictateur, quelques semaines plus tard.

Là-bas, Rami El-Obeidi, ancien responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères pour le compte du Conseil national de transition jusqu’à mi-2011, nous a révélé comment l’OTAN avait pu localiser la cachette de Kadhafi après la libération de Tripoli par les révolutionnaires entre le 20 et le 23 août 2011. “À l’époque, on pensait qu’il s’était enfui dans le désert, en direction de la frontière sud de la Libye”, explique Obeidi. Mais en réalité, il s’était réfugié dans son fief de Syrte avec son fils, Mutassim, qui dirigeait les dernières troupes encore en état de combattre. Obeidi ajoute : “Là, le raïs a essayé de communiquer, grâce à son téléphone satellite Iridium, avec certains de ses fidèles qui avaient trouvé refuge auprès de Bachar El-Assad, en Syrie. Parmi eux, il y avait notamment son disciple chargé de la propagande télévisée, Youssef Shakir. Et c’est justement le chef d’État syrien qui a transmis le numéro de téléphone satellitaire de Kadhafi aux services secrets français.” La raison ? “En échange, Assad aurait obtenu de Paris la promesse de limiter les pressions internationales sur la Syrie en vue de faire cesser la répression contre le peuple en révolte.” Localiser le téléphone satellite et son propriétaire aurait ensuite été un jeu d’enfant pour les experts de l’OTAN. Si cette thèse venait à être confirmée, nous pourrions en déduire que ce fut la première étape vers la fin tragique du dictateur, quelques semaines plus tard

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