La Tunisie, et notamment le port de Sfax distant d’à peine 150 km de l’île italienne de Lampedusa, est confrontée à l’arrivée massive de migrants venant d’Afrique subsaharienne depuis un an.
Plus de 66 000 migrants sont arrivés en Italie par la mer en 2024, notamment depuis les côtes tunisiennes. Le pays a conclu en juillet 2023 un “partenariat” avec l’Union européenne, prévoyant 255 millions d’euros d’aides financières dont la moitié pour lutter contre l’immigration irrégulière
La plupart des réfugiés et des demandeurs d’asile fuient la guerre et recherchent la sécurité . Parmi eux, certains cherchent de meilleures perspectives en Tunisie et d’autres espèrent utiliser la Tunisie comme étape de transit avant de rejoindre une destination européenne.
Le tunisien est ouvert et hospitalier. Dans la mesure où on respecte les coutumes et on adopte un comportement modeste, les étrangers en général et les français en particulier, sont bien accueillis. « Soyez le bienvenu » est la phrase fétiche de ce peuple accueillant et souriant.
Le taux de migration nette de la Tunisie en 2024 était de -0,329 pour 1000 habitants , soit une baisse de 0,6 % par rapport à 2023. Le taux de migration nette de la Tunisie en 2023 était de -0,331 pour 1000 habitants, soit une baisse de 0,9 % par rapport à 2022. Le taux de migration nette de la Tunisie en 2022 était de -0,334 pour 1000 habitants, soit une baisse de 1,18 % par rapport à 2021.

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Ce graphique montre les pays avec la plus grande part d’immigrants au sein de leur population en 2020. Les immigrants internationaux représentaient 88% de la population totale aux Emirats arabes unis, 77% au Qatar et 73% au Koweït en 2020.
Les causes des migrations peuvent être très diverses : guerres, motivations économiques, environnementales, de travail ou familiales… Elles sont majoritairement le fait de populations jeunes (18-30 ans) et ont la plupart du temps pour destination des pays géographiquement proches du lieu de départ.
Contexte de la migration irrégulière en Tunisie
La migration irrégulière en Tunisie s’inscrit dans un cadre historique et socio-économique complexe. Depuis la révolution de 2011, le pays a connu des changements significatifs qui ont impacté la stabilité économique et politique. Le taux de chômage élevé, particulièrement parmi les jeunes, a incité beaucoup de Tunisiens à envisager l’émigration comme une voie pour améliorer leur situation. Cela s’accompagne d’une instabilité politique qui alimente un sentiment d’insécurité, poussant les individus à chercher du travail et des opportunités à l’étranger, notamment en Europe.
Par ailleurs, les inégalités économiques croissantes et la corruption rampant dans divers secteurs ont exacerbé la crise sociale. De nombreux citoyens, confrontés à des conditions de vie difficiles, perçoivent l’émigration comme l’unique solution à leurs problèmes. La Tunisie est également située géographiquement comme un point de départ vers l’Europe, ce qui en fait un lieu clé pour la migration irrégulière. Les migrants, qu’ils soient Tunisiens ou en provenance d’autres pays d’Afrique subsaharienne, choisissent souvent la Tunisie comme étape dans leur quête d’un avenir meilleur.
Les dynamiques géopolitiques dans la région du Sahel et du Sahara ajoutent une couche de complexité à la problématique de la migration. Les conflits armés, l’instabilité politique, et les crises environnementales dans les pays voisins produisent des flux migratoires supplémentaires vers la Tunisie. Alors que ces facteurs contribuent à l’accroissement de la migration irrégulière, ils mettent également une pression considérable sur les ressources et les institutions tunisiennes. Ce contexte engendre des défis importants pour le pays, tant sur le plan humanitaire que sécuritaire.
Le refus catégorique de la Tunisie
La position officielle de la Tunisie concernant la migration irrégulière a été clairement articulée par le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri. Ce dernier a réaffirmé le refus catégorique du pays d’être considéré comme un point d’installation, d’asile ou un lieu de transit pour les migrants qui cherchent à atteindre l’Europe. Cette déclaration s’inscrit dans un contexte plus large de gestion migratoire, où la Tunisie se veut protectrice de sa souveraineté et de ses politiques nationales.
Khaled Nouri a souligné que la migration irrégulière représente un défi à la fois humain et sécuritaire. Le ministre a insisté sur le fait que la Tunisie n’acceptera pas d’endosser le rôle de pays d’accueil pour les migrants voulant rejoindre l’Europe. Ce refus est également renforcé par une situation économique précaire et des préoccupations internes liées à la sécurité. Par conséquent, le ministre a demandé à la communauté internationale de reconnaître les efforts de son pays pour gérer le flux migratoire et de fournir une assistance appropriée sans exige de concessions ou de compromis qui mettraient en péril la stabilité nationale.
Les déclarations officielles de Khaled Nouri reflètent une position ferme face aux attentes croissantes des pays européens en matière de coopération sur les questions migratoires. En ne voulant pas être un pays d’asile, la Tunisie souhaite conserver sa capacité à contrôler ses frontières et à préserver son intégrité territoriale. Cette réalité soulève des questions sur la possibilité d’une coopération future entre la Tunisie et l’Union européenne. En effet, les voies légales de migration devraient être explorées pour répondre à la fois aux besoins des migrants et aux exigences de la Tunisie en matière de sécurité et de développement. La clarté de la position tunisienne sur ce sujet est essentielle pour influencer les discussions et les politiques migratoires régionales.
Le cadre international de la gestion migratoire
La gestion des flux migratoires est aujourd’hui un sujet de préoccupation majeur à l’échelle mondiale, notamment en Europe. Les récentes initiatives internationales visent à établir des cadres normatifs et opérationnels pour réguler ces mouvements. Parmi ces initiatives, la réunion des ministres de l’intérieur à Naples constitue un événement clé dans les efforts concertés pour aborder la question de la migration irrégulière de manière cohérente.
Cette réunion a permis d’aborder divers thèmes liés à la sécurité, à la coopération des États et aux besoins d’assistance humanitaire dans le contexte d’une migration de plus en plus complexe. L’accent a été mis sur la nécessité d’un échange d’informations et d’une coordination renforcée entre les pays d’origine, de transit et de destination des migrants. La Tunisie, en tant que pays d’origine et potentiel de transit, joue un rôle significatif dans ces discussions. En participant activement à ces forums, elle cherche à faire entendre sa voix sur les attentes et les préoccupations pertinentes concernant le phénomène migratoire.
La Tunisie a clairement indiqué qu’elle ne souhaite pas être considérée comme un pays d’asile ou de transit pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe. Ce positionnement est crucial pour comprendre la dynamique des migrations en Méditerranée. En se réclamant d’une approche de gestion migratoire centrée sur la responsabilité partagée, la Tunisie s’inscrit dans une logique de coopération internationale. Cela implique le besoin d’une aide accrue et de soutiens adaptés pour faire face aux défis liés à la migration irrégulière, tout en respectant les droits des migrants et en garantissant des solutions durables.
En conclusion, les discussions lors de la réunion de Naples illustrent l’importance d’une approche collaborative pour traiter les enjeux migratoires. La Tunisie, par son implication, démontre sa volonté de participer à un effort global afin de gérer les flux migratoires de manière responsable et équilibrée.
Causes de la migration irrégulière
La migration irrégulière des jeunes Tunisiens vers l’Europe est un phénomène complexe qui résulte de plusieurs facteurs interdépendants, souvent enracinés dans les défis démographiques, économiques et sociaux du pays. Premièrement, la Tunisie fait face à une croissance démographique rapide qui exacerbe la pression sur le marché du travail. Le taux de chômage des jeunes, qui avoisine les 36%, est particulièrement alarmant, poussant les individuels à envisager des options risquées, notamment l’émigration illégale.
Ensuite, les difficultés économiques sont un moteur majeur de la migration. Malgré des réformes progressistes, la stagnation économique et la corruption persistante ont limité les opportunités d’emploi pour les jeunes travailleurs. Cette situation est aggravée par la disparité entre les qualifications des jeunes diplômés et les exigences du marché, ce qui crée un décalage significatif entre l’éducation et l’emploi. De nombreux jeunes Tunisiens estiment que les seules chances d’améliorer leur situation économique se trouvent à l’étranger.
De plus, les tensions sociales amplifient ce phénomène migratoire. La Tunisienne moyenne est confrontée à une inflation élevée des prix des biens essentiels et à une grande insatisfaction quant à la qualité des services de santé et d’éducation. Ces inégalités et frustrations exacerbent le sentiment d’abandon et d’impuissance, ce qui pousse certains à rechercher des horizons plus prometteurs en dehors de leur pays. Les témoignages de jeunes migrants révèlent également un désir de liberté et d’épanouissement personnel, souvent énoncé comme un autre facteur motivant leur départ.
Enfin, les conflits régionaux et l’instabilité politique à proximité renforcent l’attrait d’un exode vers l’Europe. Les jeunes Tunisiens voient ce continent comme une terre d’opportunités où ils pourraient réaliser leurs aspirations. Cette combinaison de défis économiques, sociaux et démographiques forge un climat propice à la migration irrégulière, malgré les risques encourus.
Les efforts pour préserver l’identité tunisienne
Face à la pression migratoire croissante, le gouvernement tunisien a mis en place une série d’initiatives visant à préserver l’identité nationale et à renforcer la sécurité des frontières. La migration irrégulière représente un défi important non seulement pour la sécurité, mais aussi pour l’intégrité socio-culturelle de la Tunisie. En réponse à cela, les autorités tunisiennes ont mobilisé leurs forces de sécurité et militaires afin de contrôler les flux migratoires vers l’Europe. Ces efforts se manifestent par la réalisation de patrouilles régulières le long des côtes et des frontières, ainsi que par l’intensification des opérations de surveillance.
Les forces de sécurité tunisiennes ont également reçu un soutien technique et matériel, à la fois national et international, pour améliorer leurs capacités de détection et d’intervention. Ce soutien inclut des formations et l’acquisition d’équipements modernes, qui permettent une action plus efficace contre les réseaux de passeurs et les tentatives de migration illégale. Parallèlement, le gouvernement accentue sa collaboration avec les pays voisins et les instances internationales afin de créer un cadre de coopération régionale renforcée.
Des campagnes de sensibilisation sont également coordonnées pour informer la population sur les dangers liés à la migration irrégulière. Ces initiatives visent non seulement à réduire les départs, mais aussi à rappeler aux Tunisiens l’importance de leur culture et de leur identité nationale. En protégeant les frontières et en éduquant la population, la Tunisie s’engage à maintenir ses acquis tout en gérant concurremment les défis de la migration. Cette approche est essentielle pour assurer non seulement la sécurité nationale, mais aussi le futur du pays face aux évolutions démographiques et sociopolitiques. En conséquence, le gouvernement tunisien affirme sa volonté de ne pas devenir un pays d’asile ou de transit, tout en défendant ses valeurs culturelles et sociales.
Appel à une coopération internationale renforcée
Dans le contexte actuel de la migration irrégulière, l’appel de Khaled Nouri pour une coopération internationale renforcée est plus que jamais d’actualité. La migration, qu’elle soit volontaire ou forcée, est souvent la conséquence de facteurs complexes, notamment l’instabilité politique, les conflits armés, et les crises économiques. Pour aborder efficacement ces enjeux, il est impératif que les pays concernés travaillent ensemble de manière concertée. Cela pourrait se traduire par l’établissement de partenariats équilibrés entre les pays d’origine, de transit et de destination, chacun assumant sa part de responsabilité.
Le besoin de dialogues et de collaborations accrues est essentiel pour comprendre et traiter les causes profondes de la migration irrégulière. Une stratégie globale doit inclure non seulement des mesures de sécurité aux frontières, mais également des initiatives visant à améliorer les conditions de vie dans les régions touchées par les flux migratoires. Cela pourrait impliquer des investissements dans le développement économique, l’éducation, et la création d’emplois dans les pays d’origine des migrants. En parallèle, les pays de destination doivent reconnaitre leur rôle en acceptant un engagement partagé dans la gestion des flux migratoires.
En outre, l’échange d’informations et la mise en place de statistiques fiables sont cruciaux pour évaluer l’ampleur des défis liés à la migration. Les nations peuvent, par exemple, organiser des forums internationaux pour discuter de solutions innovantes à la crise migratoire. De tels échanges seraient bénéfiques non seulement pour renforcer les mécanismes de coopération, mais aussi pour favoriser une meilleure compréhension des réalités des migrants et des pays. Il en va de la responsabilité collective des États de créer un environnement sûr et respectueux pour tous les individus, indépendamment de leur provenance et de leur situation.
Investissement dans les pays du sud de la Méditerranée
L’importance de l’investissement dans les pays du sud de la Méditerranée est cruciale pour aborder les questions économiques et migratoires. Nouri souligne que le développement économique dans cette région peut jouer un rôle clé dans la réduction de la migration irrégulière vers l’Europe. En attirant des investissements dans des secteurs variés tels que l’agriculture, le tourisme durable et les technologies de l’information, ces pays peuvent créer des opportunités d’emploi vitales, notamment pour les jeunes qui, souvent, prennent la décision de migrer en raison du manque de perspectives d’avenir.
Des projets de développement réussis, comme les initiatives dans le secteur de l’énergie renouvelable en Tunisie, démontrent l’impact positif que peuvent avoir des investissements bien ciblés. Par exemple, des entreprises locales ont développé des parcs solaires qui non seulement fournissent de l’énergie durable mais génèrent aussi des emplois pour les résidents. Cela contribue à améliorer les conditions de vie et à renforcer l’économie locale, diminuant ainsi les motivations à migrer vers l’Europe.
De plus, investir dans l’éducation et la formation professionnelle est essentiel pour doter les individus des compétences nécessaires sur le marché du travail. Cela permet d’augmenter l’employabilité et de stimuler l’innovation. Par conséquent, les pays du sud de la Méditerranée doivent être considérés comme des partenaires dans un cadre de développement équilibré, plutôt que simplement comme des pays d’asile ou de transit. En collaborant avec des organisations internationales et des entreprises privées pour financer ces projets, il serait possible de transformer significativement le paysage économique de la région.
Investir dans ces pays peut également contribuer à stabiliser la région. Une fois que les conditions de vie se sont améliorées et que des emplois sont créés, il est probable que la pression migratoire vers l’Europe diminuera, ce qui bénéficierait à la fois aux pays d’origine et aux pays d’accueil.
Les défis du contrôle des côtes
La Tunisie, en tant que point de départ pour de nombreux migrants cherchant à atteindre l’Europe, fait face à des défis considérables en matière de contrôle de ses côtes. L’Union européenne, dans son effort pour limiter l’immigration irrégulière, exerce une pression croissante sur le pays afin de renforcer ses mesures de surveillance et de sécurité maritime. Cette situation crée une tension délicate entre l’engagement de la Tunisie à gérer la migration irrégulière et la nécessité de respecter les droits des migrants.
Les autorités tunisiennes ont mis en place diverses stratégies pour lutter contre la migration irrégulière. Parmi ces mesures, on observe l’augmentation des patrouilles maritimes et l’interception des embarcations de migrants. En renforçant la surveillance des côtes, Tunis espère dissuader les départs et réduire le flux de migrants. Cependant, cette approche soulève des préoccupations quant à la sécurité et aux droits de l’homme, car certaines de ces opérations peuvent mener à des abus et des violations des droits fondamentaux des migrants.
En outre, la coopération avec l’Union européenne a contribué à la mise en œuvre de formations et d’équipements sophistiqués pour les garde-côtes tunisiens. Ces initiatives visent à rendre les opérations de contrôle plus efficaces et à mieux gérer les situations d’urgence. Cependant, cette collaboration suscite également des critiques, car elle peut parfois entretenir une perception de la Tunisie comme un simple tampon contre l’immigration irrégulière, au détriment du traitement humanitaire des migrants. Ce débat met en lumière la complexité des enjeux liés à la migration, où la souveraineté nationale se heurte à des considérations humaines.
En conclusion, le défi du contrôle des côtes tunisiennes face à la migration irrégulière est un sujet complexe qui nécessite un équilibre entre sécurité et respect des droits des migrants. Les mesures adoptées doivent non seulement répondre aux exigences de l’Union européenne, mais aussi garantir la protection des personnes en quête d’une vie meilleure.
Conclusion et perspectives d’avenir
En récapitulant les points clés de la discussion sur la migration irrégulière en Tunisie, il est clair que le pays occupe une position complexe sur le chemin de l’immigration vers l’Europe. Cette situation découle d’un mélange de facteurs économiques, politiques et sociaux qui influencent les décisions migratoires des individus. La Tunisie a exprimé son désir de ne pas être perçue comme un pays d’asile ou de transit, mettant l’accent sur sa souveraineté et ses préoccupations internes liées à la gestion de ses propres ressources et à la stabilité sociale.
Les perspectives d’avenir concernant la migration en Tunisie nécessitent une approche collaborative et équilibrée. En tant que pays frontalier de l’Europe, la Tunisie pourrait jouer un rôle essentiel dans les discussions internationales sur la migration mais cela implique un dialogue constructif avec les nations européennes. Les accords bilatéraux pourraient être envisagés pour renforcer la sécurité des frontières tout en veillant à respecter les droits des migrants. Cette collaboration pourrait également inclure des formes de soutien financier et technique pour aider la Tunisie à développer ses capacités institutionnelles en matière de gestion migratoire.
De plus, il est essentiel de reconnaître l’importance des solutions durables. La Tunisie devrait viser à créer des opportunités économiques pour sa population, diminuant ainsi les incitations à la migration irrégulière. Les initiatives de développement local, couplées à un meilleur accès à l’éducation et à la formation, peuvent contribuer à cette cause. En somme, la gestion de la migration irrégulière en Tunisie nécessite un équilibre entre protection des droits des migrants, développement socio-économique et dialogue avec la communauté internationale. Ces actions permettront non seulement de résoudre les défis immédiats mais aussi d’établir un cadre positif et durable pour l’avenir migratoire du pays.