Gaz, pétrole et pipe-lines méritent-ils de raser Gaza ?
Un mélange explosif, dont les victimes sont une fois de plus les Palestiniens.
Forages de gaz visibles la nuit au large de la côte de Gaza
Cette revendication palestinienne potentielle s’étend sur 200 miles (320 km) en Méditerranée et inclut le bassin du Levant qui, selon les estimations de l’US Energy Information Administration, détient six fois plus de gaz naturel que les réserves actuelles des pays limitrophes.
est en mesure de publier que l’un des gisements, le Mari-B, exploité par des sociétés sous licences d’exploitation israéliennes et épuisé en 2012, pourrait se trouver au beau milieu de l’espace revendiqué par les Palestiniens. Le Mari-B contenait 43 milliards de m3 de gaz naturel, ce qui suffisait aux besoins palestiniens pendant au moins quinze ans.
Au lieu de cela, Noble-Energy, une compagnie basée à Houston (Etats-Unis), et Delek Group, une société israélienne, ont vendu le gaz à la compagnie nationale Israel Electric Company qui, à son tour, a vendu aux Palestiniens 85 % de leur électricité, selon la Banque mondiale.
L’éventualité de cette revendication palestinienne est un sujet tellement sensible que personne, les entreprises pas plus que les gouvernements impliqués, n’est disposé à indiquer les coordonnées GPS des gisements de gaz existants, ni leur volume. Une source bien informée en géologie a indiqué à MEE qu’Israël a bien cartographié la zone, mais qu’une grande partie de ces informations n’a pas été rendue publique.
Etonnamment, les Palestiniens n’ont pas annoncé publiquement leur intention de lancer une action en justice pour revendiquer ce territoire maritime.
Ils se sont plutôt contentés d’acheter du gaz à Israël, au grand dam du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). En mars, un accord est tombé à l’eau entre la société palestinienne de production d’énergie, Power Generation Company (PPGC), et ses partenaires exploitant le plus grand gisement de gaz que possède Israël, le Léviathan. Cet accord aurait permis aux Israéliens de fournir du gaz à la Palestine Power Generation Company (PPGC) pendant vingt ans.
Des organisations de la société civile estiment que les dirigeants palestiniens sont restés très discrets sur leurs transactions et stratégie gazières. Depuis l’annulation de l’accord, les responsables palestiniens n’ont communiqué qu’une seule fois publiquement, pour dire que le gaz qu’Israël aurait pu fournir au titre de l’accord suspendu sera compensé par le gaz du domaine maritime de Gaza Marine.
Découvert en 1999, ce gisement s’étend sur 1 321 km2 de territoire marin au large des côtes de Gaza ; il a été alloué aux Palestiniens par l’Accord Gaza-Jéricho de 1994, avant la découverte du gaz en Méditerranée orientale.
Ce champ reste inexploité parce que l’accès à Gaza Marine est impossible : il se trouve entre 17 et 21 miles (27 et 33 km) au large de la côte, et les forces israéliennes imposent à tout navire de rester à six miles (10 km) des côtes d’Israël, en violation des accords d’Oslo.
Exprimer une revendication
Selon le droit international, estiment les experts, les Palestiniens pourraient revendiquer un territoire maritime cinq fois plus vaste qu’actuellement.
MEE publie une carte dessinée par James Stocker, professeur adjoint en Relations internationales à l’université Trinity de Washington, montrant l’étendue potentielle d’une zone économique exclusive (ZEE) – zone que tous les pays côtiers ont le droit d’explorer afin d’en exploiter les ressources naturelles – qui pourrait revenir aux Palestiniens, sur la base des principes de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.
D’après le droit de la mer, les Etats côtiers ont un droit sur 200 miles (320 km) d’eaux territoriales à partir de leurs côtes ou d’une ligne de base tracée au large de ces côtes. Toutefois, en raison de la forme concave de la Méditerranée orientale, il existe un chevauchement territorial de 200 miles (320 km) au large de la côte de chaque pays, ce qui exige de négocier et de trouver un compromis.
James Stocker prend comme point de départ la zone d’activité de Gaza Marine, allouée aux Palestiniens par l’Accord Gaza-Jéricho en 1994, et étend sa limite sud jusqu’à un point convenu entre Chypre et l’Egypte en 2003 (appelé Point 12), puis par Chypre et Israël en 2010 (appelé Point 8a).
James Stocker étend également la limite nord de la zone d’activité à la ligne israélo-chypriote, mais accorde aux Palestiniens 17 % de cette ligne, ce qui est cohérent avec les 17 % de côte israélo-palestinienne qui bordent Gaza.
La carte de J. Stocker n’est que le point de départ de l’éventuelle revendication palestinienne. Il lui faut encore être approuvée bilatéralement par ses voisins et, en l’absence d’accord, par un tribunal international.
« Le fait est que tout cet espace au large d’Israël et de la Palestine n’a pas encore été correctement réparti entre eux », a déclaré J. Stocker. « C’est pourquoi l’on n’en connaît pas les vraies limites. »
En omettant de déposer une réclamation, les Palestiniens risquent de perdre leurs droits sur le territoire qui leur revient légalement et les ressources naturelles qui s’y trouvent, a averti J. Stocker.
« Faute d’exprimer ses revendications sur les limites de ces zones, et donc sur les ressources qui s’y trouvent, on perd ses droits sur l’ensemble. Tant que vous ne revendiquez pas vos droits, d’autres pays peuvent prétendre à ces zones et dire : ‘’Eh bien, comme personne n’avait formulé de revendications, on a considéré qu’elles nous appartenaient’’ », a-t-il expliqué.
La Palestine serait en droit de déposer une revendication immédiate sur ce territoire, en en faisant l’annonce simplement dans les médias, a-t-il dit. Ou encore, en faisant savoir à Israël et à l’Egypte qu’elle revendique cette zone.
Martin Pratt, directeur de recherche à l’unité de recherche sur les limites internationales de l’université de Durham, n’est quant à lui pas convaincu que les Palestiniens aient intérêt à faire une demande de ZEE en bonne et due forme. Certes, dit-il, si les Palestiniens estiment que Mari-B, ou tout autre gisement faisant à leurs yeux partie de leur future ZEE, est exploité, ils doivent faire valoir leur droit.
« Il est important, au minimum, de faire constater ces activités industrielles, en affirmant qu’elles se déroulent dans une zone qui vous revient », a-t-il déclaré.
Mais il précise qu’en vertu du droit international coutumier, tous les Etats peuvent revendiquer 12 miles (19 km) d’eaux territoriales et 200 miles (320 km) de plateau continental. Les Palestiniens vont probablement affirmer, prévoit-il, que puisqu’ils ont droit au statut d’Etat, ces principes devraient s’appliquer aux territoires palestiniens occupés.
« Il n’est pas nécessairement avantageux de faire connaître une revendication quand on sait qu’un différend sera inévitable, d’autant plus avec des voisins difficiles », a ajouté M. Pratt.
« Une fois qu’un élément a été publié, poursuit-il, il est très difficile de revenir à la charge avec une autre revendication, même si un gouvernement nouvellement élu veut déposer une revendication différente ou adopter une façon plus agressive de la défendre. »
Quelle que soit la décision des Palestiniens, leurs voisins sont tenus de respecter les droits potentiels d’un futur Etat palestinien, a expliqué Donald Rothwell, professeur de droit international à l’université nationale australienne de Canberra et expert en droit maritime.
« La meilleure façon de présenter le problème, a-t-il précisé, serait peut-être de dire que les pays voisins ne sont pas autorisés, en vertu du droit international, à s’approprier les ressources de cette zone simplement parce que l’Etat palestinien n’a pas été en mesure de revendiquer dans les règles de l’art une zone économique exclusive. »
Les dessous de l’affaire
Tant qu’elle ne sera pas exploitée, on ne connaîtra pas la quantité exacte de gaz présent sous les eaux d’une potentielle ZEE palestinienne, ni sa valeur. Cependant, en 2010, un rapport incontestable de l’US Geological Survey (USGS) portant sur le bassin oriental de la Méditerranée – où se trouverait la ZEE – a estimé les réserves à au moins 3 455 milliards de m3 de gaz naturel.
Selon l’autorité américaine responsable des donnés énergétiques, les réserves actuelles de gaz naturel en Syrie, Jordanie, Liban, Israël, Chypre et dans les territoires occupés sont de 515 400 milliards de m3, ce qui signifie que les réserves du bassin multiplieraient ce chiffre par six, à un moment où l’on estime que, d’ici quelques années, le gaz représentera 25 % de la consommation mondiale d’énergie.
Lorsque MEE a demandé à Chris Schenk, géologue et rédacteur principal du rapport de l’USGS de 2010 sur le bassin du Levant, combien de gaz pouvait contenir la zone décrite sur la carte de Stocker, il a fermement rappelé que l’USGS n’évalue pas les réserves des eaux territoriales par pays ou entité politique.
« Nous pensons que le bassin recèle d’énormes quantités de gaz. Nous ne pouvons pas en dire plus ; je n’ai pas d’autre commentaire », a-t-il dit.
Chris Schenk a précisé que l’USGS avait établi son évaluation sur la base de toutes les informations disponibles sur le bassin, dont celles fournies par les entreprises et les gouvernements, et qui sont réputées confidentielles et donc inaccessibles au grand public. Les Israéliens, a-t-il cependant observé, sont parmi ceux qui ont publié le plus de données sur ce bassin.
Fuite de gaz
Pendant que les Palestiniens retardent le moment de revendiquer ce qui leur revient, Israël s’apprête à devenir le principal fournisseur de gaz de son voisin, dont une partie pourrait bien provenir du gisement susceptible d’appartenir à la future ZEE palestinienne.
« Cela n’est pas arrivé par hasard, en fait », a déclaré Mika Minio-Paluello, analyste en énergie, à propos du centre de production gazière de Mari-B. Le gouvernement israélien, a-t-il dit, a su que les Palestiniens risqueraient de déposer une revendication et ils ont agi sans délai, sans leur laisser le temps de réagir. Bientôt, il sera trop tard ».
MEE a demandé à Noble et à Delek, les deux entreprises produisant le gaz de Mari-B, ainsi qu’au ministère israélien des Infrastructures, qui délivre les licences aux sociétés pétrolières et gazières, de commenter ces allégations.
Noble n’a pas souhaité s’exprimer ; Delek a dit qu’il n’avait aucun commentaire à faire et a exhorté MEE à contacter le gouvernement israélien. Le ministère des Infrastructures a renvoyé la question au ministère des Affaires étrangères.
MEE a posé plusieurs questions au ministère des Affaires étrangères, y compris s’il avait envisagé la possibilité que Mari-B fasse bientôt partie des eaux territoriales palestiniennes, et sur quels critères il déterminait si les gisements se trouvaient en territoire israélien.
Le porte-parole du ministère, Emmanuel Nashshon, s’est contenté de répondre par courriel : « Les opérations d’Israël sur ces gisements de gaz naturel sont menées en totale conformité avec le droit international. Cela n’a fait l’objet d’aucune contestation. »
« Nous serions très heureux de coopérer sur la question avec tous nos voisins, y compris les Palestiniens. Malheureusement, certains de ces voisins semblent plus enclins à investir du temps, de l’argent et de l’énergie à répandre la terreur et la violence, plutôt qu’à développer les ressources naturelles de cette région. »
L’Oxford Institute for Energy Studies a rapporté en 2012 qu’Israël avait découvert au moins neuf gisements de gaz depuis 1999, pouvant contenir au moins 1 195 milliards de m3 – soit 34 % des ressources en gaz naturel présentes dans le bassin levantin, d’après l’USGS.
Grâce à ces nouvelles découvertes de gaz naturel, Israël et Chypre sont devenues les puissances énergétiques émergentes de la Méditerranée orientale et, à ce jour, Israël a signé des contrats tant avec l’Egypte que la Jordanie, pour un montant total d’environ 16 milliards de dollars, et avec la bénédiction du département d’Etat américain.
On ne sait pas si le contrat d’1,2 milliard de dollars mis en veilleuse en mars, qui aurait permis à Israël d’approvisionner les Palestiniens en gaz, est encore à l’ordre du jour.
« Pas moyen de savoir ce qui se passe dans les coulisses, c’est ça le gros problème », a déclaré l’expert en énergie Tareq Baconi, qui s’oppose à ces contrats. « Ce sont des tractations secrètes, précisément pour éviter toute répercussion politique ; nous ne savons donc pas nécessairement si ces négociations risquent de progresser, alors même que [la société de production d’électricité] donne l’impression d’y avoir renoncé ».
Silence à Ramallah
A Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne (AP), des questions fondamentales ont été délibérément balayées sous le tapis : quelle est la politique gazière de l’AP ? Qui en est responsable ? Et les fonctionnaires palestiniens ont-ils vraiment tenté de revendiquer une ZEE ?
L’Autorité palestinienne de l’énergie (PEA) et le ministère de l’Economie nationale partagent cette responsabilité : la première parce qu’elle supervise les questions relatives à l’électricité ; ce dernier parce qu’il est responsable des ressources naturelles.
pendant trois mois sollicité les responsables palestiniens, dont le vice-Premier ministre, Mohammed Mustafa, qui cumulait les fonctions de ministre des Affaires économiques nationales et de président du Fonds d’investissement palestinien (PIF) avant de démissionner le 31 mars, ainsi qu’Omar Kettani, chef de la PEA : aucun n’a souhaité s’exprimer.
Omar Kettani a décliné par courriel et téléphone de répondre aux questions de MEE, prétextant que MEE avait une compréhension erronée du rôle de la PEA.
Cependant, MEE a eu entre les mains le mémo d’une réunion tenue l’an dernier entre Omar Kettani et une ONG palestinienne, la Coalition pour une gouvernance intègre et responsable (The Coalition for Accountability and Integrity, AMAN), durant laquelle Kettani donnait l’impression de parler de la politique palestinienne en toute connaissance de cause.
Il y affirmait que le contrat bi-décennal d’importation de gaz en provenance d’Israël permettrait, à long terme, de réduire la dépendance palestinienne à Israël et n’excluait pas le développement du gisement de Gaza Marine. Il a admis cependant que, puisqu’Israël a le contrôle des pipelines partant de Gaza, ce gisement « n’apporterait aucun avantage » à la Cisjordanie.
Le gaz israélien, a-t-il affirmé à cette occasion, n’est que l’un des nombreux moyens mis en œuvre pour diversifier les sources d’énergie palestiniennes. « Le marché palestinien aura besoin de quantités de gaz supérieures à celle prévue dans cet accord », a conclu Omar Kettani, selon le compte-rendu de la réunion.
Lors d’une conversation téléphonique, Tayseer Amro, ministre-adjoint de l’Economie nationale, a déclaré à MEE qu’il n’avait guère de chances de connaître les détails de la stratégie gazière palestinienne, mais qu’il s’efforcerait de répondre dès que possible aux questions posées dans nos courriels. Nous attendons encore.
La population est tenue à l’écart
Analystes et dirigeants palestiniens de la société civile – dont plusieurs comparent les questions gazières à « une boîte noire » – expriment leur frustration de voir que le public palestinien semble être le dernier au courant du sort des ressources naturelles qui lui appartiennent.
« Très franchement, nous n’avons pas réussi à obtenir d’informations sur la question », a déclaré Omar Shaban, économiste et président de PalThink, un groupe de réflexion basé à Gaza. « J’aimerais bien savoir ce qui se trame dans notre dos ».
Omar Shaban rappelle qu’il en a toujours été ainsi. Lorsqu’en 2013, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, se démenait pour faire signer son plan de paix israélo-palestinien, les Palestiniens n’avaient aucune idée de ce qui était sur le tapis, sauf le cercle intime de l’AP, explique-t-il.
« Pourquoi refusent-ils de nous informer ? Pourquoi s’obstinent-ils à nous tenir à l’écart ? », s’interroge Omar Shaban.
De même, quand en octobre dernier une conférence des donateurs s’est tenue au Caire afin de lever des fonds pour reconstruire Gaza après la guerre de l’été dernier, aucun leader de la société civile palestinienne n’était dans la salle, indique Omar Shaban.
« Je suis tellement déçu, confie-t-il. Ce qui me met hors de moi c’est que nous, les premiers concernés, n’avons pas accès aux informations dont dispose la communauté internationale. »
Firas Jaber, co-fondateur et chercheur à al-Marsad, un think tank spécialisé dans les questions politiques, sociales et économiques basé à Ramallah, affirme avoir essayé à plusieurs reprises d’obtenir du Fonds d’investissement palestinien des informations sur les contrats gaziers.
Les locaux du PIF se trouvent dans l’immeuble faisant face à son propre bureau. Il laisse entendre, en montrant le PIF du doigt, qu’il sait d’habitude bien s’y prendre pour soutirer des informations, mais que dès qu’il est question du gaz, toute son ingéniosité reste vaine.
« Je connais quelqu’un qui y travaille et il m’a dit, ‘’Je pourrais être licencié’’ ; personne ne veut toucher à ce contrat. Il est très sensible et n’importe qui n’y a pas accès. »
Firas Jaber a le sentiment que, si ce contrat sur le gisement de Gaza Marine est top-secret, c’est que les fonctionnaires palestiniens se font graisser la patte pour l’attribution des contrats gaziers.
« La corruption est effarante. C’est ça la raison. On le sait parfaitement mais pas question de se risquer à la dénoncer sans preuves », regrette-t-il. « On en est donc réduit à attendre d’avoir plus d’éléments sur ces investissements énergétiques en Cisjordanie et à Gaza ; on essaie bien de provoquer ces gens pour les faire réagir, mais pas moyen. »
Une économie captive ?
En Méditerranée orientale, Israël est en train de devenir l’un des plus grands exportateurs de gaz, alors que les territoires palestiniens occupés – qui n’ont aucune raffinerie de pétrole ou de gaz ; seulement une centrale électrique à Gaza, et qui a subi des dégâts importants pendant la guerre 2014 – restent dépendants des importations pour satisfaire leurs besoins énergétiques.
La Banque mondiale a estimé en 2012 que 85 % de l’électricité palestinienne est fournie par la compagnie nationale Israeli Electric Company (IEC). Lorsqu’il a annoncé la suspension de l’accord gazier avec les Israéliens, Mohamed Mustafa, alors vice-Premier ministre, a également indiqué que les Palestiniens versent à Israël 2,5 milliards de dollars par an – soit 7 millions par jour – pour régler leurs factures énergétiques.
Le secteur énergétique palestinien est pratiquement à la merci d’Israël, écrit Omar Jabary Salamanca, géographe urbain et chercheur au Groupe de recherche sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, installé en Belgique.
« En l’absence de capacités de production, nous n’avons aucun contrôle sur le coût de l’électricité israélienne, et sommes toujours connectés au réseau électrique national israélien », écrit Salamanque. « Les nouvelles infrastructures régionales électriques [palestiniennes] sont cantonnées à prendre le relais des municipalités dans leur rôle traditionnel d’agents intermédiaires de collecte et de transfert des sommes dues à l’IEC. »
En mars dernier, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a déploré qu’à Gaza, où seulement 46 % des besoins en électricité étaient satisfaits avant la guerre de l’été dernier, les autorités sont désormais réduites à programmer les pannes de courant, qui peuvent durer jusqu’à seize heures par jour.
Un enjeu caché de l’opération militaire de l’Etat d’Israël contre Gaza est constitué par les réserves de gaz sous-marines dont disposent les Palestiniens.
Pour comprendre quelle est une des raisons de l’attaque israélienne contre Gaza il faut aller en profondeur, exactement à 600 mètres sous le niveau de la mer, à trente kilomètres au large de ses côtes. Là, dans les eaux territoriales palestiniennes, se trouve un gros gisement de gaz naturel, Gaza Marine, estimé à 30 milliards de mètres cubes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. D’autres gisements de gaz et pétrole, selon une carte établie par la U.S. Geological Survey (agence gouvernementale étasunienne), se trouvent en terre ferme à Gaza et en Cisjordanie.
En 1999, avec un accord signé par Yasser Arafat, l’Autorité palestinienne confie l’exploitation de Gaza Marine à un consortium formé de British Group et Consolidated Contractors (compagnie privée palestinienne), avec respectivement 60 % et 30 % des actions, et dont le Fonds d’investissement de l’Autorité palestinienne détient 10 %. Deux puits sont creusés, Gaza Marine-1 et Gaza Marine-2. Mais ils n’entrent jamais en fonction, car bloqués par Israël, qui veut tout le gaz à des prix cassés.
Par l’intermédiaire de l’ex Premier ministre Tony Blair, envoyé du « Quartet pour le Moyen Orient », est préparé un accord avec Israël qui enlève aux Palestiniens les trois quarts des futurs revenus du gaz, en versant la part qui leur revient sur un compte international contrôlé par Washington et Londres.
Mais, après avoir gagné les élections de 2006, le Hamas refuse l’accord, en le qualifiant de vol, et demande sa renégociation. En 2007, l’actuel ministre israélien de la Défense, Moshe Ya’alon indique que « le gaz ne peut pas être extrait sans une opération militaire qui éradique le contrôle du Hamas à Gaza ».
En 2008, Israël lance l’opération « Plomb durci » contre Gaza. En septembre 2012 l’Autorité palestinienne annonce que, malgré l’opposition du Hamas, elle a repris les négociations sur le gaz avec Israël.
Deux mois plus tard, l’admission de la Palestine à l’ONU en tant qu’« Etat observateur non membre » renforce la position de l’Autorité palestinienne dans les négociations. Gaza Marine reste cependant bloqué, empêchant les Palestiniens d’exploiter la richesse naturelle dont ils disposent.
A ce moment, l’Autorité palestinienne prend une autre voie. Le 23 janvier 2014, lors de la rencontre du président palestinien Abbas avec le président russe Poutine, est discutée la possibilité de confier au russe Gazprom l’exploitation du gisement de gaz dans les eaux de Gaza. C’est l’agence Itar-Tass qui l’annonce, en soulignant que Russie et Palestine entendent renforcer la coopération dans le secteur énergétique. Dans ce cadre, en plus de l’exploitation du gisement de gaz, on prévoit celle d’un gisement pétrolifère dans les environs de la ville palestinienne de Ramallah en Cisjordanie. Dans la même zone, la société russe Technopromexport est prête à participer à la construction d’un site thermoélectrique d’une puissance de 200 mégawatts.
La formation du nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale, le 2 juin 2014, renforce la possibilité que l’accord entre Palestine et Russie parvienne à bon port. Dix jours après, le 12 juin, survient l’enlèvement des trois jeunes Israéliens, qui sont retrouvés tués le 30 juin : le ponctuel casus belli qui amorce l’actuelle opération « Barrière protectrice » contre Gaza.
Une opération qui entre dans la stratégie de Tel Aviv, visant à s’approprier les réserves énergétiques de l’ensemble du bassin du Levant, réserves palestiniennes, libanaises et syriennes comprises, et dans la stratégie de Washington qui, en soutenant Israël, vise le contrôle de tout le Moyen Orient, en empêchant que la Russie ne regagne une influence dans la région.
Un mélange explosif, dont les victimes sont une fois de plus les Palestiniens.
https://fr.timesofisrael.com/les-gisements-de-gaz-ont-compense-les-pertes-liees-a-la-guerre
Chaque semaine, à Mulhouse, des centaines de personnes, beaucoup de familles, se rassemblent dans des émouvantes manifestations pour un cessez-le-feu et la paix en Palestine. Le véritable génocide opéré par le gouvernement israélien dans la bande de Gaza, mais également les centaines de meurtres et milliers de blessés dans la population palestinienne en Cisjordanie, sont de plus en plus condamnés dans le monde entier.
Si on peut expliquer la « soif de vengeance » durant quelques jours après le massacre opéré par le Hamas en Israël, on peine à expliquer ces expulsions de tout un peuple de son territoire, de ses massacres d’une population qui sont de véritables crimes de guerre.
D’autant plus que le but de cette guerre selon Israël serait « d’éliminer le Hamas ». Or, on sait bien que chaque bombe qui tue va contribuer à générer une nouvelle génération de militantes et de militants palestiniens qui rejoindront les rangs des combattants pour la libération de la Palestine : la haine engendre la haine, à la violence répondra la violence.
Bien que M. Netanyahou assure qu’il ne veut pas réoccuper la bande de Gaza, à quoi rime de raser toutes les constructions, toute habitation capable d’accueillir des populations. Et ce d’autant plus que les objectifs de « démanteler les réseaux du Hamas » et de « détruire leurs abris » qui n’ont pas été découvert dans l’hôpital anéanti par les bombes israéliennes, relèvent à chaque jour qui passe d’une intox digne de Colin Powell et ses fameuses « armes chimiques » dont Saddam Hussein devait faire usage en Irak… tout cela pour justifier la guerre que voulait mener les USA !
Nous ne rejoignons pas les médias officiels qui n’y voient que la « barbarie du Hamas » et « les excès de l’extrême-droite israélienne ». Si, parfois, la folie peut conduire à des drames, cela est rarement le cas dans les guerres de ce type : la plupart du temps, ce sont bien des intérêts géopolitiques qui en sont les vraies raisons. Doivent-ils pour autant, justifier le génocide d’un peuple ?
QUAND LES INTÉRÊTS DES GRANDES PUISSANCES SE CROISENT AU MOYEN-ORIENT…
Le journal L’Humanité, dont on ne louera jamais assez la qualité du travail rédactionnel, a réalisé une enquête pour tenter de trouver des raisons suffisantes pour déclencher ces massacres au Moyen-Orient. Et parallèlement, comprendre ce qui se cache derrière la colonisation forcée des territoires palestiniens par des religieux fanatiques, armés par l’armée israélienne, et qui flinguent à tour de bras les paysans palestiniens… pour venir s’installer sur leur terre et dans leur maison.
La carte que nous publions est explicite et donne une première explication : l’excellent site Les Clés du Moyen-Orient fait des études approfondies sur la région. Il nous fournit cette carte qui montre d’une part, les sites d’extraction pétrolière et gazière ainsi que le réseau de pipe-lines existant et ceux qui sont en projet.
On voit que les énergies fossiles ne sont pas uniquement cantonnées dans les Émirats ou en Arabie Saoudite, mais que Israël en dispose également. Un des principaux sites se trouve… au large de la bande de Gaza. Ces ressources sont difficilement exploitables tant qu’il y aura des risques de conflit.
Découvert en 1999 dans les eaux territoriales palestiniennes, le gisement de Gaza Marine contiendrait plus de 30 milliards de m3 de gaz naturel. Pour les Palestiniens, il pourrait représenter, selon le site Middle East Eye, « un revenu annuel compris entre 700 et 800 millions de dollars ».
La télévision israélienne Channel 13 a révélé le jeudi 4 mai 2023, qu’Israël et l’Autorité palestinienne mèneraient des « discussions secrètes » autour de l’exploitation du champ gazier baptisé Gaza Marine, située à 30 km de la côte de l’enclave palestinienne que le Hamas (et non pas l’AP) contrôle.
LES GRANDES PUISSANCES ONT UN BESOIN IMPÉRIEUX D’ÉNERGIES FOSSILES OU NUCLÉAIRES
Les grandes puissances industrielles ne peuvent se contenter des maigres kilowattheures que leur livre les éoliennes disséminées ici et là ou les champs de panneaux solaires… On laisse ça au vil peuple…
Une grande partie de leur puissance dépend de la quantité et du prix de l’énergie disponible. On sait que l’Allemagne a bâti son économie sur le gaz russe qu’elle recevait en abondance et à prix intéressant grâce à des accords bilatéraux et des pipe-lines qui les livraient à domicile (Nord Stream 1 et 2). Cette situation indisposait monumentalement les USA et quelques pays du nord de l’Europe qui n’ont eu de cesse de faire stopper cette situation jusqu’à faire exploser Nord Stream 2. La déclaration de guerre de la Russie à l’Ukraine a bien fait les choses. Les robinets de l’Est se sont fermés.
L’Allemagne, et l’Europe en général, ne peut se contenter du gaz de schiste US très cher et complexe à utiliser. Ils sont donc à la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement.
En septembre dernier, Mme Van der Leyen, présidente de la Commission européenne et ancienne ministre allemande, annonçait tout sourire, en compagnie du Premier ministre indien Modi et avec la bénédiction de Joseph Biden, président des USA, un projet appelé : « Partenariat pour l’investissement mondial dans les infrastructures ». Un peu opaque, ce titre, non… ?
Le journaliste de l’Humanité, Pierre Barbancey, a mené son enquête : ce projet pourrait « accélérer de 40% les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Europe et contribuer à normaliser les relations entre Israël et les Etats du Golfe ».
LES FAMEUX ACCORDS D’ABRAHAM
En réalité, il s’agit de contrer le plan chinois des « routes de la soie » qui doit relier l’Asie de l’Est et le Moyen-Orient à la mer Méditerranée en passant par l’Iran, l’Irak, jusqu’aux ports syriens.
Le plan des Occidentaux, lui, veut établir un corridor économique reliant l’Inde, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie, Israël et l’Union européenne. Avec une marchandise particulièrement convoitée et au centre du projet : le gaz et le pétrole ! En juin 2022, Ursula Van der Leyen (une grande voyageuse !) rencontre au Caire, le ministre égyptien du pétrole et la ministre israélienne de l’Energie. Ils négocient de concert un accord tripartie sur le gaz liquéfié et un développement d’infrastructures pour faire de l’Egypte un hub gazier régional.
Et la présidente de la Commission européenne évoque un autre projet (nous sommes en juin 2022), la construction du gazoduc Eastmed qui relierait les champs gaziers israéliens et chypriotes à la Grèce, puis l’Italie, traversant les eaux contestées entre la Grèce, la Turquie et Chypre. De quoi alerter le président turc Erdogan qui n’est pas invité au tour de table ! Mme Van der Leyen ne manque pas d’indiquer que le port israélien d’Eilat serait un point stratégique pour les exportations du gaz et du pétrole des pays du Golfe vers l’Europe !
A la tribune des Nations-Unies, le 22 septembre 2023, nous rapporte l’Humanité, « le Premier ministre israélien brandissait une carte intitulée le « Nouveau Moyen Orient » sur laquelle il avait tracé au marqueur rouge, une ligne partant de l’Asie, passant par Israël et se terminant en Europe. »
Netanyahou exultait : « Nous allons établir un nouveau corridor (…) qui connectera l’Asie et l’Europe, en passant par les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël ». La Palestine et son Etat n’était évidemment pas citée !
Les accords d’Abraham ont été signés à la fin de la présidence Trump, le 15 septembre 2020, par les Émirats arabes unis et Bahreïn avec Israël. Ils se sont concrétisés depuis par un ensemble de gestes diplomatiques (visites officielles croisées, forums politiques en alternance dans le Golfe et en Israël ), d’accords sécuritaires et de promesses économiques.
Après l’attaque du Hamas et le déluge de feu qu’Israël déverse sur la bande de Gaza, il sera difficile pour les pays arabes de continuer à faire des affaires avec le gouvernement de M. Netanyahou. Au grand dam de l’Union européenne qui voit ses plans fortement contrariés. Est-ce cela qui explique l’étonnant soutien des gouvernements européens à cet acharnement et les actions timides des pays arabes.
LES OPINIONS PUBLIQUES ONT UN RÔLE À JOUER
Que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou dans les pays arabes, c’est bien des populations que vient l’indignation la plus sincère. Sans excuser pour rien au monde, les attaques du Hamas, la situation dramatique du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie a été à nouveau révélé.
Tous ces gouvernements ne jurent aujourd’hui que par la solution à deux Etats. Mais en 1974 déjà, (sans remonter à 1937), la résolution194 des Nations unies appelle à « deux États, Israël et la Palestine… côte à côte à l’intérieur de frontières sûres et reconnues » La dernière résolution sur ce point, en novembre 2013, est adoptée par 165 voix contre 6, avec 6 abstentions , Israël et les États-Unis ayant voté contre
Selon cette résolution, les frontières de l’État de Palestine seraient « fondées sur les frontières d’avant 1967 », comprenant donc la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est avec la vieille ville. Durant le sommet arabe de Fès de 1982, le concept est adopté des dirigeants palestiniens.
Plusieurs évènements tentent d’instaurer la solution à deux États : la conférence de Madrid (1991), les accords d’Oslo (1993), le sommet de Camp-David (2000), le sommet de Taba (début 2001), l’Initiative de paix arabe (2002), proposée au sommet de la Ligue arabe 2002, une autre tentative de paix échoue en 2013–2014.
Mais pourquoi l’ensemble de la « communauté internationale » ferait cette-fois ci ce qu’elle n’a jamais fait avant : faire respecter les résolutions votées à l’ONU. Et imposer à Israël de les respecter. Un pays à lui tout seul pourrait le faire : les USA qui tiennent à bout de bras l’existence du pays en le finançant depuis sa création en 1948.
Les plus de 15.000 morts palestiniens auxquels il faut associer les victimes israéliennes, représentent-ils un « prix » suffisant pour contraindre le gouvernement d’Israël a enfin accepté un vrai Etat palestinien ?
Et inciter Joseph Biden, en difficulté avec ses électeurs aux USA, à imposer à son ami Benjamin Netanyahou l’existence réelle d’un Etat palestinien ?
Reste à savoir qui, du côté palestinien, serait à même de négocier la création d’un Etat en bonne et due forme : peut être que dans les geôles israéliennes existent une de ces figures capables de réunifier le peuple palestinien et de parler en son nom. Là aussi, c’est Tel Aviv qui a la réponse.
La réussite des grandes ambitions européennes, israéliennes et arabes contenues dans les projets d’infrastructures commerciales et énergétiques ne sera réellement garantie que dans un climat de paix et de respect du peuple palestinien. Ce dernier nous le rappelle, à ses dépens…
Plusieurs gisements de gaz de grande ampleur se trouvent au large de la bande de Gaza. Des réserves qui pourraient s’avérer utile pour la reconstruction d’après-guerre et qui excitent aussi les intérêts des puissances régionales.
Dans la guerre qui oppose Palestiniens et Israéliens, d’aucuns évoquent les causes économiques du conflit. Or, s’il est un champ de la géopolitique qui matérialise toutes les tensions économiques depuis 15 ans en Méditerranée orientale, c’est bien celui du gaz[1].
Le 18 juin 2023, le cabinet de Benjamin Netanyahou[2] autorise le développement du gaz naturel offshore de la ZEE de Gaza[3]. Les champs gaziers de Gaza Marine 1 et 2, identifiés depuis 1999, possèdent des réserves extractibles estimées à environ 35 milliards de m3 et une capacité annuelle de production de 1,5 milliard de m3 sur une période de 12 ans. Le montant des investissements pour le développer avant exploitation est d’environ 1,4 milliard de dollars. Le champ est situé à 36 kilomètres à l’ouest de Gaza et a été développé d’abord par British Gas en 2000, puis par Royal Dutch Shell qui l’a quitté aussi en 2018[4].
Si le gouvernement israélien délivre une approbation préliminaire au développement du projet Gaza Marine[5], celui-ci nécessite une coordination en matière de sécurité entre Israël, l’Égypte voisine et l’Autorité palestinienne[6] : “ dans le cadre des processus en cours entre l’État d’Israël, l’Égypte et l’Autorité palestinienne, en mettant l’accent sur le développement de l’économie palestinienne et le maintien de la stabilité sécuritaire dans la région, il est décidé de faire avancer le développement du champ gazier en face de Gaza (Gaza Marine)”[7]. A terme, cela signifie aussi une avancée potentielle dans les négociations sur la mise en place des corridors gaziers vers l’UE, depuis l’Inde, à travers les pays du Golfe, l’Arabie Saoudite, Jordanie, Israël, Chypre, comme Netanyahou l’a fait valoir à la tribune de la 78ème session de l’assemblée générale des Nations Unies en septembre 2023[8].
Pour Elai Rettig et Benny Spanier[9], l’approbation israélienne – aussi surprenante qu’elle soit, venant d’un gouvernement à droite de la droite – vise à :
« atténuer le mécontentement américain face à la décision d’Israël d’étendre les colonies »[10] et « à calmer la situation politique à Gaza entre les factions belligérantes (Hamas contre Jihad islamique à Gaza) »[11]. Pour eux, officiellement, « seule l’Autorité palestinienne de Cisjordanie recevra les revenus du gaz », bien que « le Hamas en recevra également une partie avec l’approbation d’Israël pourrait être une récompense d’avoir aidé à s’opposer aux militants du Jihad islamique lors de la dernière vague de violences à Gaza en mai 2023 »[12].
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Retour sur les négociations complexes
En 2021, l’Autorité palestinienne signe un protocole de coopération avec l’Egypte pour développer le champ gazier et les infrastructures nécessaires à son exploitation[13]. De fait, Israël, inquiet pour sa sécurité, est perçu par la presse arabe comme faisant tout pour empêcher les Palestiniens de bénéficier de cette manne énergétique. La volonté d’Israël d’obtenir le gaz palestinien à prix cassé empêchait alors en 2012 sa production par British Gas (Viktor Kattan, centre palestinien al-Shabaka)[14]. Les Gazaouis, mécontents de la politique du Hamas[15], vivent avec des coupures d’électricité de 18 heures par jour et les Palestiniens de Cisjordanie payent leur consommation de gaz au prix fort à Israël[16].
En 2022, le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh (Fatah), annonce que les négociations entre le Fonds d’investissement palestinien (FIP) et la Compagnie gazière égyptienne (EGAS) sont en bonne voie[17]. Les contours de l’accord voient le FIP disposer de 27,5 % des parts du champ, la septuagénaire Consolidated Contractors Company (CCC), société de services de construction pour l’industrie pétrolière et gazière dirigée par la famille palestinienne Khoury (dont le siège social est à Athènes[18]) dispose de 27.5% des parts et les 45 % reviennent à l’Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS)[19].
En 2022, Israël signe un accord gazier avec l’Égypte pour les exportations vers l’Europe, auquel sont associés le Fonds d’investissement palestinien (géré par l’Autorité palestinienne) et la Compagnie gazière publique égyptienne[20],[21].
Israël est en pourparlers depuis 2020[22] avec la Grèce et Chypre au sujet d’un terminal basé à Chypre pour liquéfier le gaz israélien destiné à l’exportation vers l’Europe : le projet East Med[23], gazoduc de 6 milliards d’euros qui relie les importantes réserves de gaz découvertes au large d’Israël, et de Chypre à la Grèce et à l’Italie[24]. Aujourd’hui, peu d’analystes s’attendent à son aboutissement avant 2028.
Les Israéliens ont également envisagé un pipeline vers la Turquie et la construction de leur propre usine de liquéfaction, notamment au printemps 2021[25]. Mais si les relations avec la Turquie étaient tendues auparavant, elles le sont d’autant plus aujourd’hui.
Après les réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh[26], qui ont porté en grande partie sur la désescalade des tensions, les responsables israéliens et palestiniens ont déclaré qu’ils avaient convenu d’œuvrer à l’amélioration des conditions économiques du peuple palestinien ainsi que de la situation financière de l’Autorité Palestinienne à court d’argent[27], qui bénéficierait du développement des champs Gaza Marine 1 et 2 situés à quelque 30 kilomètres au large de Gaza.
En mai 2023, des discussions reprennent pour développer le gisement de gaz de Gaza[28] avant une flambée de violence de cinq jours avec Gaza[29]. Les médias locaux révèlent la tenue de discussions dirigées par le conseiller de la NSA Israélienne Tzachi Hanegbi, et le général de division Ghassan Alian[30], chargé de la liaison militaire avec les Palestiniens. Ces discussions ont pour objectif le développement du projet du gisement de gaz de Gaza en échange des dépouilles des soldats israéliens[31].
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Des signaux faibles de la guerre identifiés dès juin 2023
Dans la presse palestinienne et arabe, il est indiqué que : « le Hamas attend les procédures finales qui seront adoptées par l’Autorité palestinienne, l’Egypte et les entreprises partenaires pour lancer leur plan de mise en œuvre visant à développer le champ maritime [de Gaza] et à extraire du gaz naturel »[32], mais que « l’Autorité palestinienne est la seule entité palestinienne reconnue internationalement et qui recevra les revenus de la manne gazière au large de Gaza»[33].
Dans le premier quotidien panarabe Al Arab on note en juin 2023 que les « revenus du gaz constituent une opportunité inestimable pour le Hamas de renforcer son pouvoir dans la bande de Gaza ». Mais que le Hamas entend « profiter de la froideur entre Israël et l’Autorité palestinienne pour se présenter comme un une alternative future »[34].
Fin juin, des sources palestiniennes indiquent que « la direction politique du Hamas, qui s’efforce de se présenter comme un mouvement modéré, propose l’option d’une trêve à long terme avec Israël »[35]. Or, si le Hamas cherche « à prendre ses distances par rapport à l’escalade entre le mouvement du Jihad islamique et Israël »[36], c’est aussi pour se présenter face à Israël et aux États-Unis comme un « candidat alternatif à l’Autorité palestinienne, qui connaît un grand état de faiblesse interne et externe due à la corruption endémique et à une génération peu en phase avec les réalités du terrain »[37].
De fait, durant l’été, la direction politique du Hamas se retrouve confrontée à certains « dirigeants étrangers et à la direction sur le terrain des Brigades Al-Qassam, qui ont ouvert des canaux avec l’Iran et le Hezbollah ». Bien que la branche politique du Hamas tente de parvenir à un accord avec Israël, les divisions se creusent au sein de l’appareil politique du Hamas. La volonté du Hamas d’apporter de l’argent pour prolonger son pouvoir à Gaza l’incite à accélérer ses démarches afin de construire des accords lui permettant de bénéficier des revenus du gisement gazier.
La branche politique du Hamas est divisée sur le fait de laisser l’Autorité palestinienne (dirigée par le Fatah), développer le champ de gaz naturel de Gaza[38], en concertation avec les États-Unis, Israël, l’Égypte et les sociétés d’exploitation partenaires qui supervisent l’exploration et l’extraction du gaz, en échange d’une rente annuelle et des revenus importants pour Gaza.
Pour le Hamas, Israël s’apprête « à voler le gaz de Gaza et pourrait réagir par une confrontation militaire »[39]. Fin juin 2023, dans le quotidien turc Yeni Şafak (tendance islamiste conservateur) que : « le Hamas se prépare à mener la bataille du gaz, et l’a commencé par un mouvement diplomatique régional, pour transmettre les premiers messages de son rejet de tout vol israélien de gaz palestinien, tout en n’excluant pas une confrontation militaire avec Israël »[40].
Dans l’ensemble, les médias islamistes notent que la collaboration indirecte avec l’Autorité palestinienne (dirigée par le Fatah) est « le résultat de négociations approfondies et complexes avec l’Égypte pour faire face aux crises humanitaires à Gaza causées par le blocus israélien et les attaques répétées contre l’enclave côtière surpeuplée »[41]. De son côté, Israël fait toujours valoir un besoin de sécurité et exige depuis 2014 que lui soit remis les corps des soldats Oron Shaul et Hadar Goldin et le retour des otages souffrants de troubles mentaux Avera Mengistu et Hisham al-Sayed[42].
Fin juin 2023, un des responsables du Hamas à Gaza refuse de commenter l’avancée et déclare : « le gaz de Gaza appartient à tous les Palestiniens de Gaza et eux seuls ont le droit d’y investir (…). L’occupation israélienne ne peut pas imposer ses exigences et ses restrictions sur nos capacités et nos richesses naturelles »[43].
Dans les médias israéliens, il est fait état des négociations intenses et compliquées entre Israël, l’Égypte et l’Autorité palestinienne, après que l’Autorité palestinienne ait reçu des garanties que le Hamas n’utiliserait pas sa part des revenus du gaz pour développer ses armes, cependant qu’ils mentionnent qu’« une coordination entre les agences de sécurité et un dialogue direct avec l’Égypte -en coordination avec l’Autorité palestinienne-, dans le but de développer l’économie palestinienne et de maintenir la stabilité sécuritaire dans la région [44]».
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Pour Israël alors, le Hamas ne doit pas disposer des bénéfices économiques de l’accord tant que la question des »4 prisonniers israéliens détenus à Gaza depuis 2014 »[45] n’est pas résolue[46]. Le Hamas rétorque qu’Israël détient plus de 4.000 détenus dont 1.800 mineurs.
Fin juin, l’Autorité palestinienne n’a pas été officiellement informée de la décision israélienne, et un responsable de Ramallah déclare, humilié : « Nous ne pouvons pas adopter de position ni entamer des préparatifs pratiques sur la base des informations diffusées par les médias israéliens »[47].
Après la validation de la réforme judiciaire en Israël en août, Benjamin Netanyahou est affaibli[48]. Malgré tout, il joue le dossier du gaz et signale dans la presse que de larges progrès sont réalisés tout en tempérant sur l’accord. Il botte en touche en déclarant que « en raison de la complexité des garanties politiques et sécuritaires qui doivent être fournies à la fois publiquement et en secret par le Hamas à Israël, cela prendra des années ».
Youssef Fares[49] du portail d’informations The Cradle allègue en 2022 : « Le Hezbollah a menacé Israël de guerre si le Liban n’était pas autorisé à exploiter sa part du champ gazier de Karish. Les factions palestiniennes pourraient faire de même à propos du « gaz volé » au large de la bande de Gaza. La participation du Hamas et des factions djihadistes à Gaza et du Hezbollah libanais à une guerre contre Israël découle de l’existence d’un intérêt commun : celui du gaz de Méditerranée orientale, et non plus seulement d’un ennemi commun : Israël. »[50]
L’approbation du gouvernement Netanyahou sur le gaz off-shore palestinien[51] en juin 2023 a pour conséquences de creuser encore l’impossible rapprochement entre le Fatah[52] et la branche politique du Hamas. Celle-ci devenue impopulaire à Gaza à l’automne 2023, s’est faite débordée par sa branche militaire dont les liens avec les factions radicales du Djihad islamique palestinien, des Brigades Al-Nasser Salah al-Din, Brigades Jihad Jibril, du FPLP[53], FPLP-CG et du FDLP[54][55], n’est plus à prouver[56].
A la lumière des accords d’Abraham et dans leur guerre contre la Russie, l’Iran et la Chine, les Etats-Unis souhaitaient rapprocher l’Arabie Saoudite d’Israël dans son grand projet de corridor IMEC[57] discuté au sommet du G20 de Delhi en septembre 2023. C’était sans compter sur les proxys perturbateurs de l’«axe de résistance » [58],, affiliés à l’Iran qui se nourrissent des divisions des Palestiniens pour appuyer sa stratégie et son agenda sur son corridor International North–South Transport[59].
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[1] « L’énergie est un moyen, un enjeu et un terrain de la géopolitique, et ce aux différentes échelles de l’analyse spatiale et la matérialité des énergies nous ramène au cœur d’un » grand jeu » sans cesse réinventé des États » Cédric Tellenne, Géopolitique des Energies, Ed. La Découverte
[2]https://www.gov.il/en/departments/news/spoke-gas180623
[3]https://www.courrierinternational.com/article/energie-israel-et-l-autorite-palestinienne-negocient-l-exploitation-d-un-champ-gazier-au-large-de-gaza
[4] En 1999, l’AP a demandé à la société d’énergie British Gas de procéder à une prospection gazière dans la région. Un an plus tard, British Gas a découvert le gisement Marine 1 à environ 30 kilomètres de la mer, puis le gisement Marine 2, plus petit, avant de se retirer du contrat. Le projet a été confié au géant de l’énergie Shell en 2016, qui s’est retiré deux ans plus tard en raison d’objections israéliennes et d’autres conflits. Depuis lors, les Palestiniens sont à la recherche d’investisseurs pour ce projet de 1,1 milliard de dollars visant à extraire les quelque 28 milliards de mètres cubes de gaz fossile.
[5]https://www.gov.il/en/departments/news/spoke-gas180623
[6]https://www.gov.il/en/departments/news/spoke-gas180623
[7]https://www.gov.il/en/departments/news/spoke-gas180623
[8] https://www.youtube.com/watch?v=Atag74u01AM
[9]https://besacenter.org/why-israel-approved-development-of-the-gaza-marine-gas-field/
[10]https://besacenter.org/why-israel-approved-development-of-the-gaza-marine-gas-field/
[11]https://besacenter.org/why-israel-approved-development-of-the-gaza-marine-gas-field/
[12]https://besacenter.org/why-israel-approved-development-of-the-gaza-marine-gas-field/
[13]https://www.arabnews.fr/node/393826/monde-arabe#:~:text=En%202021%2C%20l’Autorit%C3%A9%20palestinienne,seule%20station%20de%20l’%C3%A9poque.
[14]https://www.lorientlejour.com/article/1315423/23-ans-apres-sa-decouverte-le-gaz-palestinien-sur-le-point-detre-exploite-.html
[15]https://www.foreignaffairs.com/israel/what-palestinians-really-think-hamas
[16]https://www.amnesty.fr/conflits-armes-et-populations/actualites/gaza-des-coupures-de-courant-aux-consequences-catastrophiques
[17]https://www.lorientlejour.com/article/1315423/23-ans-apres-sa-decouverte-le-gaz-palestinien-sur-le-point-detre-exploite-.html
[18]https://www.offshore-technology.com/contractors/design-engineering-construction/consolidated/
[19] https://www.egas.com.eg/activities/exploration
[20]https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20220616-l-ue-signe-un-accord-avec-isra%C3%ABl-et-l-%C3%A9gypte-pour-s-approvisionner-en-gaz-isra%C3%A9lien
[21] Les deux parties négocient de manière sporadique sur le sujet depuis des années, sans jamais parvenir à un accord en raison de nombreux obstacles. Outre les objections israéliennes et autres conflits, l’AP n’a plus aucun contrôle sur Gaza depuis qu’elle en a été chassée en 2007 par le Hamas, qui contrôle aujourd’hui l’enclave côtière, jusqu’à être débordée par des factions bien plus radicales que le mouvement Hamas.
[22]https://www.lepoint.fr/monde/la-grece-chypre-et-israel-ont-signe-un-accord-sur-le-gazoduc-eastmed-02-01-2020-2355908_24.php
[23]https://www.dnv.com/news/dnv-further-confirms-feasibility-and-maturity-of-the-eastmed-pipeline-226712
[24]https://lenergeek.com/2017/12/08/east-med-projet-gazoduc-israel-italie/
[25]https://www.lemondedelenergie.com/turquie-israel-gazoduc-erdogan/2022/01/19/
[26] https://french.wafa.ps/Pages/Details/207143
[27]https://www.alternatives-economiques.fr/israel-palestine-lue-a-leviers-financiers-ne-actionne/00108484
[28]https://fr.timesofisrael.com/search/?submit=&q=gaza+marine
[29]https://www.la-croix.com/Nouveaux-echanges-tirs-entre-Gaza-Israel-25-morts-trois-jours-2023-05-11-1301266908
[30]https://fr.timesofisrael.com/lexploitation-potentielle-de-gaz-a-gaza-discutee-par-des-responsables/
[31]https://fr.timesofisrael.com/lexploitation-potentielle-de-gaz-a-gaza-discutee-par-des-responsables/
[32] https://www.yenisafak.com/ar/world/4034720
[33] https://alarab.co.uk/sites/default/files/2023-06/01_21.pdf
[34]https://alarab.co.uk/sites/default/files/2023-06/01_21.pdf
[35] https://alarab.co.uk/sites/default/files/2023-06/01_21.pdf
[36] https://alarab.co.uk/sites/default/files/2023-06/01_21.pdf
[37]https://alarab.co.uk/sites/default/files/2023-06/01_21.pdf
[38] https://www.independentarabia.com/node/464136/
[39]https://www.newarab.com/news/exclusive-hamas-allows-development-gas-field-gaza
[40] https://www.yenisafak.com/ar/world/4034720
[41] https://www.yenisafak.com/ar/world/4034720
[42]https://www.hrw.org/news/2017/05/03/2-israelis-who-entered-gaza-held-incommunicado
[43]https://www.newarab.com/news/exclusive-hamas-allows-development-gas-field-gaza
[44]https://besacenter.org/why-israel-approved-development-of-the-gaza-marine-gas-field/
[45] https://fr.timesofisrael.com/le-pape-francois-solidaire-des-proches-des-prisonniers-a-gaza/
[46] « Nous pouvons discuter et faire des projets pour qu’ils comprennent le coût de cette perte. Ce n’est pas seulement une question de gaz ; il y a des infrastructures que le monde entier est prêt à soutenir à Gaza. Nous ne le permettrons pas tant que les garçons ne seront pas rentrés » Treizième chaîne en juin 2023 , Hanegbi à propos des otages.
[47] https://www.newarab.com/news/
[48] Dans une interview accordée à la Treizième chaîne en juin 2023 , Hanegbi a reconnu qu’il était « impliqué » dans ce dossier, mais il a insisté « qu’il n’y aura pas de développement infrastructurel » à Gaza tant que les corps des soldats Oron Shaul et Hadar Goldin n’auront pas été restitués. Le Hamas détient alors également deux Israéliens en vie, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed.
[49] https://new.thecradle.co/authors/yousef-fares-76
[50]Lhttps://new.thecradle.co/articles/time-for-palestine-to-claim-its-stolen-gas
[51] https://www.palestine-studies.org/en/node/1653420
[52]Le Hamas est un mouvement politique palestinien issu de la confrérie des Frères musulmans. Depuis sa création en 1987, son positionnement a évolué, mais il reste marqué par une radicalité mêlée à un discours religieux faisant référence à la loi islamique (Sharia) et à l’antisémitisme. Le Hamas rejette l’OLP, les accords d’Oslo et l’abandon de la lutte armée. Le Hamas exerce un pouvoir autoritaire à Gaza, caractérisé par une opacité revendiquée et un islamisme réel. Au sein du Hamas, le bureau politique, qui prend les décisions les plus importantes, est divisé entre différents pôles géographiques cherchant chacun à influencer le reste du mouvement. Le soutien de l’Iran au Hamas renforce le pôle de Gaza, tandis que le pôle extérieur, considéré comme plus modéré, est réputé proche du Qatar. Les brigades Al-Qassam du Hamas sont engagées dans des activités terroristes contre Israël et travaillent conjointement avec les Brigades al Qods (Djihad islamique Palestinien). D’autre part, les principaux bailleurs de fonds de l’Autorité palestinienne, notamment les pays du Golfe et les pays européens, boycottent le Hamas et voient d’un mauvais œil sa possible accession au pouvoir. Par conséquent, Ramallah ne peut prendre le risque d’un accord inter-palestinien qui entraînerait la fin de l’aide internationale, comme cela s’est produit après les élections de 2006 qui ont porté le Hamas au pouvoir. De plus, il est dans l’intérêt d’Israël d’empêcher un tel rapprochement et l’unification de ses opposants, ce qui explique les efforts déployés pour discréditer totalement le Hamas auprès des soutiens internationaux de Mahmoud Abbas. Les tensions croissantes entre Israël et les États-Unis –depuis le discours du Caire d’Obama jusqu’à 2023- d’une part, et l’Iran de l’autre, ainsi que celles entre l’Arabie saoudite et le Qatar, rivaux du Golfe, ont des répercussions sur les Territoires palestiniens. Ces tensions contribuent à expliquer les pressions centrifuges sur le Hamas et l’Autorité palestinienne, rendant une réconciliation pratique impossible.
[53] Front Populaire de Libération de la Palestine
[54] Front démocratique pour la libération de la Palestine, siège à Damas
[55]https://orientxxi.info/magazine/le-leurre-de-la-reconciliation-entre-le-fatah-et-le-hamas,0628
[56]https://www.washingtonpost.com/world/2022/11/25/gaza-gas-israel-partnership-hamas-egypt/
[57] Le Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC), lancé le 9 septembre 2023 lors du sommet du G20 à New Delhi, a le potentiel de devenir l’un des piliers de la stratégie indo-pacifique de l’Europe en reliant l’Australie, l’Inde, les pays du Golfe, Israël et l’Union européenne.
[58] https://www.massader.ps/en/project/1518343423
[59] https://www.portail-ie.fr/univers/enjeux-de-puissances-et-geoeconomie/2022/la-russie-liran-et-linde-relies-par-le-nouveau-corridor-instc-un-pas-supplementaire-vers-un-monde-multipolaire/
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